Soirée électorale sur le web : dimensionner l’équipe et les moyens

Posted on 26/06/2012

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A l’aune des expériences de soirées électorales vécues pour France 3 Lorraine en 2011 (cantonales) et 2012 (Législatives) je vous propose cette réflexion sur l’adéquation moyens (humains et techniques) / objectifs éditoriaux.

A la base de notre travail, un double postulat : l’équipe web doit fournir une info-service rapide et pertinente, le site internet doit compléter notre offre télévisée lorraine.

En cliquant ici, vous retrouverez le bilan des cantonales 2011.

Je vous rappelle que nous avions à l’époque élaboré et utilisé un site internet dédié à l’échelle du pôle Nord-Est (7 antennes dont la Lorraine, pilotées depuis Strasbourg), l’un des 3 pôles de France 3 en région.

Cette année, pas de site dédié mais une palette d’infographies élaborées à l’échelle nationale dès le 1er tour et une seconde palette proposée par le Pôle Nord-Ouest à toutes les antennes pour le 2ème tour.  Toutes deux offraient des visuels –générés automatiquement une fois les résultats du scrutin présents dans la base de données nationale- intégrables en code dans les articles sur nos sites régionaux.

Les dispositifs technique et humain :

En 2011, nous étions quatre ( notre webéditrice, deux webjournalistes stagiaires et moi), une personne par département qui rentrait dès 20h, les données à la main, par canton, sur le site dédié. Ces données généraient automatiquement l’apparition d’une infographie de résultats par canton. J’assurais en plus le teasing de ces chiffres sur les réseaux sociaux. Un peu plus tard dans la soirée vers 22h, les 1er reportages sortaient du montage et étaient aussitôt mis en ligne par chacun des présents. Par ailleurs, j’ai assuré un direct à 19h dans le JT de Lorraine pour « vendre » notre dispositif web. La soirée s’est achevée avec la mise en ligne d’un article de synthèse par département, anglé sur l’évolution du rapport des forces en présence.

En 2012, nous étions cinq : la présentatrice web du JT, notre webéditrice, notrewebjournaliste, notre webjournaliste stagiaire et moi.

La rédaction web de France 3 Lorraine en pleine soirée électorale

Aidée du webjournaliste stagiaire, la présentatrice web est intervenue en duplex de la rédaction web dans le JT de 19h et tout au long de la soirée électorale dans les trois tranches régionales avec une double mission : veiller le web et les réseaux sociaux pour relever et donner à l’antenne une synthèse-tendance de ce qui se disait sur la toile (tweets des candidats et de leurs soutiens, par exemple), teaser (« vendre ») nos propre contenus web, mis à jour en quasi temps réel (même si les tuyaux de transfert de contenus, partagés par les 24 régions et le national, étaient par moment un peu obstrués…).

Notre webjournaliste a mis en ligne les vidéos (sujets complets, séquences d’images, etc) qui arrivaient du terrain par le circuit interne.

Notre webéditrice et moi recevions les résultats* sur une imprimante et lors du 1er tour nous avons dû les entrer manuellement pour chacune des 21 circonscriptions (avec parfois plus de 15 candidats).

J’en faisais en parallèle une version réduite (en passant par le bloc-note) pour les donner sur notre page Facebook en 100 caractères max avec les mot-clés dédiés: #Lorraine2012 [notre#] + #Legislatives [recommandé par Paris] + #circo5405 (par exemple : 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle). Notre page Facebook étant liée à notre compte Twitter, tout message publié générait automatiquement un tweet que je m’efforçais de retwetter via mon compte personnel.

J’alimentais également en texte et photos le coveritlive ouvert pour chacun des deux tours (1er tour, 2ème tour) en tentant de répondre le plus vite et le mieux possible aux sollicitations de internautes.

Et tout cela le plus rapidement possible. Tous les résultats ont été mis en ligne avant 21h45 pour le 1er tour, avant 20h35 pour le 2nd tour (à deux résultats près, tombés plus tard de la préfecture de Moselle).

De son côté, notre webjournaliste stagiaire faisait des aller-retour avec le grand studio et la régie afin de faire vivre en photos (avec sa tablette et l’APN de la rédac web) cette soirée électorale (coulisses, invités) dans un diaporama mis en ligne sur notre site. Il y ajoutait les photos envoyées du terrain par nos journalistes fraîchement équipés d’iPhone 4 et auxquels nous avions indiqué un mail dédié qui nous alertait en push.

Chacun des 4 PC de la rédaction web étant équipé d’un double écran auxquels s’ajoutaient nos 2 iPads, nous pouvions à la fois publier et assurer une veille, notamment par Hootsuite de ce qui se passait sur le web. Et notamment les réactions, en commentaires sur notre page Facebook, aux résultats publiés .

Les plus :

Présence importante sur le web: le site (résultats, diaporamas, vidéos), Twitter et Facebook ont été correctement alimentés et le plus rapidement possible. Nous avons d’ailleurs été fortement relayés au 2ème tour.

Multi-exposition : du texte, de la photo, de la vidéo et des réponses aux questions posées, ce qui a été proposé à l’internaute était varié. Et concernait autant les coulisses que l’actualité elle-même.

La rédac web à l’antenne : grâce au travail de la présentatrice web et de notre webjournaliste stagiaire, le télespectateur n’a rien manqué des réactions en temps réel des candidats et de leurs supporteurs.

Les moins :

Peu de photos du terrain à partir de 20h, les équipes étant focalisées sur les directs antenne.

Pas d’infos ni de tweets de la part des quatre étudiants en préfecture pourtant briefés.

Peu de vidéos iPhone, l’outil n’étant pas encore maîtrisé. Souvent trop longues (> 30 sec.) donc trop lourdes pour une connexion en 3GH (dans le meilleur de cas), ces vidéos sont arrivées jusqu’à deux jours plus tard… Ou même parfois jamais parties 🙂

L’important nombre de résultats à publier en peu de temps, à deux et en double (site et Facebook), qui nous a sans doute fait perdre de la réactivité lors du 1er tour et donc sans doute quelques internautes.

Aucun de nous cinq n’a été dans la capacité de suivre précisément en temps réel ce qui se disait à l’antenne, et notamment dans les duplex depuis les QG et les préfectures. Pas le temps. Trop à faire. Fort heureusement notre délégué régional en régie et le rédacteur en chef avaient un oeil et une oreille sur le flux image en streaming et ont pu twitter les principales déclarations que je relayais par le compte Twitter de France 3 Lorraine via l’iPad. Il nous a clairement manqué une personne supplémentaire sinous voulions être complets.

Le bilan chiffré :

Tout s’est globalement bien passé et les chiffres de fréquentation, même inférieur à ceux de 2011 (élection moins locale cette année), ne sont pas mauvais du tout : 18.676 visites (sur 192.600 toutes régions cumulées) et 93.800 pages vues le dimanche soir (sur 426.383 toutes régions cumulées + 32000 le lendemain lundi pour 9.000 visiteurs) au 1er tour.

13.000 visites et 78.000 pages vues au 2nd tour.

Pour mémoire, lors du 1er tour des cantonales 2011, nous avions enregistré 21.273 visites pour 391.919 pages vues…

Les chiffres de cette année nous placent comme 3ème site au sein du Pôle Nord-Est (sur 7) et 5ème site au national (sur 24 régions de France 3) en visites pour les deux tours, la Lorraine ne comptant que 2 millions d’habitants.

Mes préconisations :

Adapter les moyens humains et matériels au contenu éditorial visé en gardant à l’esprit ce que souhaite l’internaute : connaître vite des résultats justes (infographies automatisées à partir de l’intégration des résultats dans une base de données spécifique), puis avoir accès aux premières réactions (tweets, vidéos, sons), enfin comprendre les conséquences politiques, voire sociétales du scrutin (analyses et reportages)

Donc au moins une personne par département travaillant avec l’application bloc note et en ayant pré-rédigé la liste de chaque candidat afin de n’avoir que les pourcentages à ajouter avant de copier-coller. Une personne pour suivre le déroulé à la télévision : elle pourra produire du texte (site, tweet, Facebook, Storify) et du son (Soundcloud), voire de la vidéo (Twitvid, Viddy, etc.)

Des ordinateurs dédiés, puissants (traitement photo et vidéo) et correctement configurés avec au moins deux écrans (idéalement 3 afin de travailler sur 2 et de garder le 3ème pour la veille).

Ouvrir en amont de la soirée les comptes à utiliser (Coveritlive, YouTube, Dailymotion, Twitter, etc.)

Créer plusieurs jours avant un Coveritlive, teaser son existence et le préparer avec les contributions Twitter (participants et/ou mot-clé(s) dédiés) pertinentes. Ne pas hésiter à le nettoyer au fur et à mesure de la soirée (doublons, tweets hors-sujets, fautes de frappe, etc.).

Déterminer et teaser au moins 5 jours avant la soirée le ou les hashtags dédiés sur Twitter et le faire valider par d’autres internautes leaders d’opinion.

Associerla page Facebookavec le compte Twitter pour diffuser largement les résultats rédigés en statut Facebook, en 100 caractères max avec hashtag(s) afin de produire un tweet propre et complet qui pourra être retweeté.

Un APN et/ou une tablette pour saisir les coulisses et les invités ainsi que leurs réactions (immédiatement publiables par Twitter, Twitvid, YouTube ou Dailymotion) idéalement en wifi.

Elaborer un générateur de graphiques ad hoc.

Pré-mettre en forme (taille, photo, paragraphes) les articles dans lesquels il n’y aura plus qu’à ajouter les résultats et les premières analyses.

Préparer une médiathèque de photos pertinentes : candidats, images types (isoloir, urne, bulletin blanc, etc.), fond de cartes.

Prévoir de nombreuses bouteilles d’eau (voire du café) et des sucres rapides type barres de céréales, une soirée c’est long…

Voilà…

A vous de compléter et d’adapter 🙂

* Les résultats définitifs étaient envoyés des quatre préfectures de Lorraine par téléphone par un étudiant dédié qui les collectait. Nos documentalistes (installées au rez-de-chaussée) les rentraient dans la base de données nationale puis les envoyaient simultanément sur deux imprimantes : celle destinée aux présentateurs en studio (rez-de-chaussée) et celle implantée pour l’occasion dans la rédaction web (où il ne faisait pas frais à cinq dans le bureau avec 5 ordinateurs -4 PC à double écran et un portable- !).

La validation de ces résultats générait automatiquement leur apparition dans les cartes (infographies) proposées à toutes les antennes par le Pôle Nord-Ouest et permettait d’élaborer des visuels à partir du dispositif proposé par Paris.